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comme disciples de Jésus-Christ, formés à la même école que les Apôtres eux-mêmes. Eusèbe veut seulement insinuer que le maître de Papias était d’une dignité inférieure à celle des Apôtres, instruits par le Maître lui-même. Les circonstances étant telles, l’affirmation d’Eusèbe manque d’autorité ; elle repose sur un faux raisonnement. Voici les paroles de Papias qui servent de prémisses à l’argumentation d’Eusèbe : « Je m’empresserai, dit-il, de mettre en ordre et de vous expliquer tout ce que j’ai si bien appris des anciens et tout ce que je me rappelle si parfaitement, à l’appui de la vérité de leur témoignage. Je ne prenais point plaisir, comme tant d’autres, à la société des grands discoureurs, mais à celle des maîtres de la vérité. Je ne me plaisais point avec ceux qui reproduisaient des discours étrangers, mais avec ceux qui répétaient fidèlement les paroles du Seigneur, puisées à la source même de la vérité. Si quelqu’un de ceux qui étaient avec les anciens se présentait à moi, je m’informais de lui des discours qu’ils avaient tenus : Que disait André, que disaient Pierre, Philippe, Thomas, Jacques, Jean, Matthieu ? Que disaient les autres disciples du Seigneur, Aristion, le prêtre Jean et le reste des disciples ? Car je comprenais bien que je retirais moins de profit des livres que de la parole vivante qui reste ineffaçable dans la mémoire. »

Eusèbe conclut de ces paroles que Papias n’était point avec André et Philippe dans les mêmes rapports qu’avec Aristion et le prêtre Jean. Il aurait été l’auditeur de ceux-ci, il n’aurait connu ceux-là que par l’intermédiaire de leurs disciples. On voit de suite que rien ne l’autorise à une pareille supposition. Papias met les uns et les autres, c’est-à-dire tous les anciens, dans les mêmes conditions touchant l’enseignement qu’ils ont reçu immédiatement de Jésus. Si Papias disait : Je n’ai entendu ni André, ni Pierre, on pourrait conclure qu’il n’a point entendu non plus Aristion et le prêtre Jean. En faisant remarquer que le nom Jean est répété deux fois, et que Papias a connu à la fois l’apôtre et le disciple, il ne prouve rien contre nous. Parce qu’il y a eu deux disciples du Seigneur