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DEUXIÈME LEÇON. 39

plaisances. Des philosophes chrétiens, comme Descartes, Malebranche et Leibnitz, n’ont eux-mêmes jamais été acceptés sans réserve. Des vues justes et sages, même des découvertes que l’expérience a consacrées, ont souvent fait quarantaine aux portes de l’Eglise. Qui plus que l’Eglise, au XVIIIe et au XIXe siècle, a combattu plus résolûment le matérialisme, le déisme et le panthéisme ? Qui moins que l’Eglise a pactisé avec ces systèmes qui ont si malheureusement pénétré dans l’esprit de nos contemporains ? Vous le savez, depuis Voltaire, les philosophes, en caractérisant d’intolérance et de rigueur l’attitude défensive de l’Eglise, l’ont du moins manifestement justifiée de s’être laissée entraîner à l’empire des spéculations. L’herméneutique catholique a donc su se soustraire aux influences philosophiques.

Voulez-vous maintenant connaître les principes qui l’ont inspirée, la grande méthode qu’elle a suivie ? Rappelons en deux mots les règles auxquelles les interprètes catholiques se sont attachés depuis les Théodoret, les saint Jérôme, jusqu’aux Maldonat, aux Dom Calmet, aux Huc, jusqu’aux derniers représentants de l’exégèse catholique à notre époque. 1° Ils ont cherché, quand il a été possible, à avoir une connaissance approfondie des langues, dans lesquelles sont écrits les textes originaux de la Bible, à savoir : l’hébreu et le grec. De qui ces textes originaux ont-ils été mieux connus que des catholiques ? La première Eglise fondée à Jérusalem parlait la langue sémitique. Les Eglises d’Asie, en écrivant et en parlant grec, s’exprimaient dans leur langue maternelle.