raire du siècle apostolique, en eût sans aucun doute fait la remarque. »
Le silence d’Eusèbe s’explique par ce fait, que jamais, dans les trois premiers siècles, le moindre doute ne s’était élevé sur l’authenticité de l’évangile de saint Jean, et que l’Asie Mineure tout entière, aussi bien que les Eglises de Palestine, connaissait les circonstances de l’origine de cet évangile. Tout ce qu’Eusèbe pouvait tirer de Papias à ce sujet était superflu. Papias, à son tour, aurait pu se taire pour les mêmes raisons sur l’évangile de saint Jean ; il n’y aurait pas à s’étonner si ce collecteur de faits et d’anecdotes curieuses et inédites n’eût rien trouvé de neuf à prendre dans un manuel que tout le monde connaissait.
Mais est-il certain que Papias n’ait point parlé de l’évangile selon saint Jean ? Nous ne connaissons que quelques fragments mutilés de ce contemporain du dernier évangéliste. Parce que, dans quelques pages échappées au naufrage du temps, il n’est pas question du quatrième évangile, faut-il en conclure que Papias n’en ait pas fait mention dans le reste de son ouvrage ? Des doutes légitimes pouvaient être formulés à cet égard. On disait avec raison que quelque palimpseste oublié, quelque précieuse découverte d’un manuscrit ignoré, pourrait bien quelque jour donner un démenti aux critiques téméraires si prompts à affirmer le silence absolu de Papias à l’égard de l’évangile de saint Jean.
Voici qu’un savant allemand, M. Aberle, professeur d’Ecriture sainte à Tubingue, se croit en mesure de fournir ce démenti désiré. Le lecteur verra que l’estimable exégète n’émet pas ici une vaine hypothèse : il cite des faits et des raisons dignes du plus sérieux examen. Nous allons le suivre dans l’exposé des textes et dans ses raisonnements. Les mines fécondes d’où l’on a extrait tant de textes décisifs en faveur de l’authenticité de nos saints Evangiles ne sont point épuisées. Tous les témoignages ne sont point arrachés aux secrètes archives du passé et étalés sur le pupitre du savant. On a souvent écarté provisoirement ou même rejeté