On sait que les défenseurs de l’authenticité des livres du
Nouveau Testament n’ont jusqu’ici cité aucun témoignage
direct de Papias en faveur de l’évangile de saint Jean. Il est
vrai que cette lacune, dans la série victorieuse des témoignages qu’ils apportent, ne donnait lieu à aucune objection sérieuse. Les inductions tirées du silence d’un auteur, surtout quand ce silence est expliqué par de bonnes raisons, ne
peuvent avoir le caractère d’une preuve même négative. En
second lieu, si Eusèbe ne rapporte aucune parole de Papias
relative au quatrième évangile, il nous offre du moins un
témoignage formel de cet écrivain antique touchant la première épltre de saint Jean. Or, tout le monde convient, vu la similitude complète du langage et des idées de ces deux monuments, que si cette épitre est l’œuvre de saint Jean, l’évangile doit lui appartenir aussi : Papias connaissait certainement l’une et l’autre.
Telle n’est point toutefois l’opinion de la nouvelle critique. Selon M. Rœuss de Strasbourg, l’évêque d’Hiérapolis ne connaissait que les deux premiers évangiles [1]. « Papias, dit à son tour M. Renan, Papias, qui se rattachait à l’école de Jean, et qui, s’il n’avait pas été son auditeur, comme le veut Irénée, avait beaucoup fréquenté ses disciples immédiats, Papias,qui avait recueilli avec passion les récits oraux d’Aristion et du prêtre Jean, ne dit pas un mot d’une vie de Jésus écrite par Jean. Si une telle mention se fût trouvée dans son ouvrage, Eusèbe, qui relève chez lui tout ce qui sert à l’histoire litté-> 1
- ↑ Hist. du Canon des Ecritures, 1863.