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38 LES ÉVANGILES.

tiques ? Il est si difficile de ne pas se laisser entraîner par la philosophie de son siècle ! Eh bien ! l’histoire nous montre-t-elle une suite d’interprètes luttant persévéramment contre les séductions de cette dangereuse sirène ? Oui, Messieurs, il existe une herméneutique qui en a triomphé et possède à un étonnant degré le don de résistance. Vous l’avez nommée : c’est l’herméneutique catholique. Pour le prouver, il suffit d’en appeler à vos souvenirs de l’histoire ecclésiastique. Où tous les Pères de l’Eglise, depuis les temps apostoliques, ont-ils cherché leur doctrine, si ce n’est dans la Bible et les traditions ? Aux premiers siècles régnait en Palestine, en Syrie, dans l’Asie-Mineure, à Alexandrie et à Rome, une philosophie qui mêlait ensemble la cabale, le platonisme et le christianisme. Les Pères ont combattu ce syncrétisme dans Marcion, Basilide et Valentin ; et le néo-platonisme dans Porphyre et dans Julien. Il arriva un jour qu’un admirable génie, un fervent chrétien, un savant philologue, Origène, voulut transporter quelques opinions néo-platoniciennes dans la Bible. L’Eglise n’hésita pas à condamner son plus habile défenseur, par cette raison qu’Origène mêlait des spéculations aventureuses à la vraie doctrine de l’Evangile. On retrouve au Moyen Age cette susceptibilité justement jalouse de l’Eglise et les mêmes réclamations contre l’immixtion imprudente de la philosophie dans l’enseignement révélé. On a pu, Messieurs, quelquefois reprocher aux théologiens des défiances et des sévérités excessives à l’endroit de la philosophie, mais bien rarement des com-