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paroles du divin Maître qui convenaient le mieux au but qu’il se proposait, aux vérités qu’il voulait mettre en lumière, aux erreurs qu’il cherchait à détruire. Quand Jésus parlait à ses disciples, il parlait à tous les siècles et il déposait dans ses discours divins tous les principes de vérité qui devaient servir à détruire les fausses doctrines dans toute la suite des temps. Dira-t-on que les textes empruntés par les apologistes à nos saints Evangiles, pour combattre, par exemple, les hérésies de Luther et de Calvin, relatives à la présence réelle, sont contemporains de ces hérésiarques parce que ces mots : Hoc est corpus meum, sont la réfutation péremptoire de l’impanation et de la présence figurale ?

— Je n’ai même pas besoin, Messieurs, de recourir à des hypothèses dont on pourrait aisément abuser, et de supposer que Jean, sûr de conserver dans leur pureté les idées du Christ, ne craignait pas d’en changer parfois l’expression ; je n’entre point dans la question de savoir si, comme le prétend Aberle [1], Jean se servait de secrétaires grecs chargés de traduire dans le langage hellénique la pensée de l’Apôtre galiléen. Je laisse au temps et à l’Eglise à juger ces hypothèses [2].

  1. Voir l’Appendice fort curieux d’Aberle, à la fin de ce volume.
  2. Je crois néanmoins utile de citer ici un passage d’Ewald. Cet écrivain, qui n’admet point l’inspiration, au sens catholique, montre que le bon sens critique tout seul suffirait à détruire les fausses appréciations dont M. Renan, quand il parle des discours de saint Jean, s’est fait le docile écho.

    « D’après les indices les plus certains, Jean avait quitté Jérusalem dès l’année 66. Éloigné de la Palestine, vivant parmi les étrangers, l’Apôtre avait modifié son langage pour l'approprier au milieu dans lequel il se trouvait. Il s’était librement affranchi des formules juives et des habitudes de sa nation. Il jugeait ses compatriotes avec une entière liberté. Ces endurcis ne sont plus pour lui que les Juifs, il en parle comme saint Paul, ou comme nous aujour-