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conversion des Gentils et des Samaritains, et ce côté de la doctrine répondait à la largeur des enseignements de Jésus, appelant le monde entier aux félicités de son royaume. Dans ces circonstances, fallait-il prolonger avec les Juifs une discussion arrivée à son terme et frappée en quelque sorte de stérilité dans ses résultats ? Ne valait-il pas mieux entrer dans le vif des questions qui préoccupaient plus généralement les esprits, et se placer sur le terrain où l’Evangile allait désormais réaliser ses conquêtes ? D’autre part, dans les cercles des églises chrétiennes, parmi les nouveaux convertis, la lutte commençait à s’engager entre les Ebionites et les précurseurs de la gnose. Le vigilant Apôtre n’avait-il pas l’obligation d’inaugurer la polémique victorieuse que l’Eglise aurait à soutenir pendant tant de siècles contre les hérétiques ? C’est précisément ce que saint Jean, inspiré par le Saint-Esprit, a fait dans ses Evangiles.

Quel langage devait-il employer ? Devait-il, à la fin du premier siècle, s’enfermer dans les formes du style strictement juif, qui, cinquante ans plus tôt, avaient eu leur opportunité, mais qui au temps où l’Apôtre écrivait, ne répondaient plus aussi bien aux préoccupations du moment? Pour être compris des philosophes grecs et des théurgistes de l’Orient, il devait parler leur langue. Il fallait aborder leur doctrine et ne pas invoquer contre eux des arguments vieillis qui ne les eussent pas plus touchés que les raisonnements du XVIIIe siècle opposés aux rationalistes modernes. Ces mots : Ἀρχή, Λόγος, φῶς, σκοτία, etc., qui