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pensée d’y mettre ce que ses devanciers n’avaient point encore écrit.

Je ne puis comprendre, Messieurs, comment la différence du quatrième Evangile avec les synoptiques deviendrait une objection contre son authenticité. Saint Marc, d’ailleurs, diffère de saint Matthieu en beaucoup de points : saint Luc s’écarte encore davantage du premier type. Pourquoi saint Jean eût-il été obligé à une reproduction plus scrupuleuse ? Chacun des évangélistes a satisfait au besoin de son temps : saint Jean devait satisfaire aux nécessités du sien, « Il va de soi, dit Ewald, que le quatrième évangile devait contenir beaucoup de choses nouvelles, ou jusque-là incomplètement exposées dans des livres, et tout un ordre de considérations absentes des synoptiques. Pour la première fois on put lire dans l’évangile saint Jean, grâce à l’omission calculée de beaucoup de détails, une suite bien ordonnée de la vie publique de Jésus mise dans la pleine majesté de sa lumière... Tandis que Luc cherche à encadrer l’histoire du Christ dans l’histoire politique des Hérodes et des Césars, saint Jean, se plaçant à un point de vue plus élevé, néglige des dates qui peut-être n’étaient point à leur place dans un livre qui est surtout une exposition de doctrine. Il ne s’agissait point de répéter les autres évangélistes ni de les rendre superflus. Désireux de faire de la vie du Christ un tout harmonieux, Jean déroule en tableaux émouvants les enseignements et la vie de son maître [1]. »

  1. Ewald die Johanneischen Schriften, p. 4 et seq.