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C’est dans ces circonstances que les amis de saint Jean, comme le rapporte la tradition [1]supplièrent l’Apôtre, alors presque arrivé au terme de sa vie, d’écrire un quatrième évangile dans le but particulier de mettre en lumière la divinité de Jésus-Christ, niée par les Ebionites. Les premiers Evangiles avaient décrit le côté extérieur et sensible de Jésus ; saint Jean était sollicité de révéler sa nature divine. Clément constate le fait en disant que ce qui fut demandé à l’Apôtre était un Evangile pneumatique, εὐαγγέλιον πνευματικόν. « Les trois premiers Evangiles, dit Eusèbe, étaient depuis longtemps arrivés à la connaissance de tout le monde, et de saint Jean qui les confirmait par ses paroles. Mais l’Apôtre regrettait de ne pas y lire les événements qui se rapportaient au commencement de la prédication de Jésus... Il résolut, à ta prière de ses amis, de suppléer à cette lacune..... Omettant la génération du Christ suivant la chair, Jean écrivit ce qui se rapportait à sa divinité : car le Saint-Esprit avait réservé à cet Apôtre de commencer par la théologie du Verbe, Jean étant plus propre que les autres à cette œuvre. Τῆς δὲ θεολογίας ἀπάρξασθαι, ὡς ἂν αὐτῳ πρὸς τοῦ θείου πνεύματος οἷα κρείττονι παραπεφυλαγμένης. »

Il résulte de ces textes que Jean, en écrivant son Evangile, s’était proposé 1° de remplir les lacunes laissées par les synoptiques, et 2° de mettre en plus grande lumière la divinité de Jésus-Christ, d’en révéler les plus hauts mystères,et en particulier celui de la génération éternelle du Verbe.

  1. Voir le fragment de Muratori ; Clément d’Alexandrie cité par Eusèbe, Hist. eccl., VI, 14 ; III 24.