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qu’au moment où cette révolution s’accomplissait, les chrétiens recherchassent avec plus de zèle que par le passé les paroles et les actes par lesquels le Christ avait préparé ce grand événement, heureux d’enregistrer ce qui, dans la vie de Jésus, se rapportait à la conversion des incirconcis. Les trois premiers évangiles renfermaient sans doute plus d’un passage de ce genre qui pouvait servir à justifier l’universalisme chrétien ; mais ce fut avec une sollicitude particulière que l’Apôtre interrogeant ses souvenirs, groupa dans ses écrits tout ce qui tendait à cette fin, mettant en relief de propos délibéré, tous les traits, toutes les circonstances favorables aux Gentils. Le Christ pendant sa vie n’avait qu’à de rares intervalles touché ce sujet, Jean n’en prit que plus de soin pour ne rien omettre de ce qui s’y rapportait. C’est pour cela sans doute qu’il fait une si large place dans son évangile aux relations des Samaritains avec Jésus : leur cause était à peu près celle des Gentils, et Jésus-Cbrist s’était rencontré plus souvent avec eux qu’avec ces derniers. Les synoptiques avaient manifestement laissé là de grandes lacunes, Jean les remplit en s’appuyant sur des souvenirs exacts et qui avaient laissé dans son âme une profonde empreinte, suivant en cela l’exemple de Luc qui, lui aussi, s’était appliqué à compléter l’histoire du Christ.» Enfin Cérinthe et les Ebionites préludaient aux erreurs gnostiques. D’autre part, l’imagination des auteurs des Evangiles apocryphes s’efforçait de suppléer aux lacunes des synoptiques dans les récits de la vie et de la mort de Jésus.