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ont présidé à leur rédaction ; il suffit aussi, pour écarter les difficultés de Baur, de se rendre compte du but que se proposait saint Jean, et de la manière dont il a procédé pour l’atteindre.

Faisons d’abord deux remarques. Les différences de fond et de forme ont été considérablement exagérées ; ensuite, réduites à leurs justes proportions, elles ont été signalées par les Pères bien longtemps avant la nouvelle critique. Loin de trouver un embarras dans ces différences, tous les commentateurs chrétiens avant Bretschneider et Strauss y ont signalé un admirable dessein de la Providence.

L’Evangile typique, diversement rédigé et complété par saint Matthieu, saint Marc et saint Luc, avait, pendant plus de cinquante ans, suffi aux besoins de l’Eglise naissante. Mais le temps avait marché, et de nouvelles circonstances s’étaient produites. Les Juifs, en tant que nation, avaient décidément refusé de reconnaître la divine mission du Christ, et parmi les Israélites qui s’étaient convertis, il y en avait qui refusaient de confesser sa divinité. « Lorsque l’apôtre saint Jean écrivait son évangile, dit Ewald, Saul avait accompli l’œuvre à laquelle il avait dévoué sa vie : le christianisme avait été repoussé par l’ancienne synagogue devenue de plus en plus hostile. Il y avait rupture complète entre elle et l’Eglise, depuis la ruine de Jérusalem. La doctrine évangélique, accueillie avec bienveillance par les Gentils, faisait des progrès rapides parmi les nations. Dès lors, on s’explique fort bien