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la mémoire, tantôt comme des modifications déterminées par les conditions variées de la prédication. Mais à travers ces différences inévitables, on reconnaît dans chacun des évangiles synoptiques le type primitif et commun. Comme Dieu, alors même qu’il intervient surnaturellement, aime à se servir des hommes, de leurs facultés inégales, de leurs moyens d’action toujours imparfaits par quelque côté, cette part faite à la mémoire qui, retenant une idée, en garde tantôt le souvenir avec les mots mêmes qui ont servi à l’exprimer, et tantôt perd et remplace ces derniers, cette part, dis-je, faite à la mémoire et à ses défaillances, ne nuit point à l’inspiration des récits du Nouveau Testament. L’Esprit-Saint dominait et surveillait ces légers accidents.

Le récit typique, tel que nous pouvons supposer qu’il a été arrêté par les Apôtres au premier jour, ne renfermait pas tout ce que ceux-ci avaient vu et entendu, et une grande partie de leurs souvenirs y a pris successivement place. Le thème était le même, les additions différaient suivant les besoins et les circonstances. Le texte uniforme était d’ailleurs un simple moyen de repaire, et pas du tout un texte immuable comme celui qui fut dicté mot à mot à Moïse, comme le Décalogue, par exemple. Il paraît étrange dans un siècle comme le nôtre, où l’écriture, en usage dans toutes les classes de la société, sert d’auxiliaire à toutes les entreprises humaines, il paraît étrange que les premières instructions données aux hérauts de la foi, que le symbole de la doctrine, l'histoire