Page:Meignan - Les évangiles et la critique au XIXe siècle, 1864.djvu/424

Cette page n’a pas encore été corrigée

Palestine et chez les Gentils, les Apôtres eussent été induits par le Saint-Esprit à se rattacher à un récit typique appris par cœur et auquel ils ramenaient leurs discours. Tantôt ils reproduisaient les propres paroles de Jésus telles que nous les lisons dans saint Matthieu et saint Marc, tantôt les paraboles , tantôt les faits de la vie de Jésus, cherchant à ne s’écarter que le moins possible des termes consacrés. C’est un récit typique qui fait le fonds des trois synoptiques et en constitue la partie commune. Voilà quelle pourrait être la raison des mêmes phrases avec les mêmes liaisons, des mêmes mots placés dans le même ordre au milieu des récits historiques, des mêmes fragments de discours groupés d’une manière identique dans saint Matthieu, saint Marc et saint Luc. Les écrivains ne se sont pas copiés ; mais les évangélistes ont ramené leurs récits à la leçon primitive qu’ils avaient d’abord confiée à leur mémoire. Voulons-nous bannir absolument l’hypothèse d’un texte de saint Matthieu que les évangélistes auraient consulté ? Non, il est même probable que ce texte a aidé leur mémoire en plusieurs cas. Mais il importe de laisser à celle-ci le rôle principal que lui attribuent les plus anciennes traditions.

Si, comme on peut le supposer, les choses se sont passées ainsi, la raison des différences des textes de saint Matthieu, de saint Marc et de saint Luc, est tout aussi naturelle que celle des ressemblances. Les mots changés, les circonstances omises, les variantes, peuvent être considérés tantôt comme une suite inévitable des accidents de