Page:Meignan - Les évangiles et la critique au XIXe siècle, 1864.djvu/422

Cette page n’a pas encore été corrigée

C’est aux évangélistes eux-mêmes à nous apprendre comment ils ont composé leurs récits. Or, saint Luc déclare qu’il écrit son évangile non point d’après les documents laissés par saint Marc et saint Matthieu, mais d’après les témoignages oraux de ceux qui ont vu les choses dès le commencement, et les lui ont fait connaître par le ministère de leur parole : Sicut tradiderunt nobis qui ab initio ipsi viderunt et ministri fuerunt sermonis. Voici, d’après Papias et Clément d’Alexandrie, dans quelles circonstances saint Marc écrivit son évangile :

Aiebat presbyter ille (le prêtre Jean) Marcum Petri interpretem quœcumque memoriœ mandaverat diligenter perscripsisse, non tamen ordine pertexuisse quœ a Domino aut dicta aut gesta fuerant. Neque enim ipse Dominum audiverat aut sectatus fuerant unquam. Sed cum Petro, ut dixi, postea versatus est, qui pro audientium utilitate, non vero ut sermonum Domini historiam contexeret, Evangelium prædicabat. Quocirca nihil peccavit Marcus, qui nonnulla ita scripsit prout ipse memoria repetebat. ld quippe unum studebat, ut ne quid eorum quœ audierat, prœtermitteret, aut ne quid falsi eis affingeret. Hoc de Marco Papias narrat [1].

  1. « Ce prêtre disait que Marc, interprète de Pierre, avait soigneusement rapporté tout ce qu’il avait appris : il n’avait pas cependant raconté dans leur ordre les paroles et les actions du Seigneur ; car il n’avait jamais vécu avec lui, il ne l’avait jamais ouï parler. Mais il avait été, comme je l’ai déjà dit, le familier de Pierre, qui cherchait, en prêchant l’Evangile, le bien de ses auditeurs et non à composer une histoire des entretiens du Sauveur. C’est pour cela qu’il ne faut point reprocher à Marc d’avoir rapporté les choses comme elles se présentèrent à sa mémoire. Il n’avait souci que d’une chose, de ne rien omettre de ce qu’il avait entendu, et de ne rien dire de faux. » Euseb., Hist. eccl,1. III, c. 39.