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l’existence au premier et au second siècle. Les additions et les retranchements ont dû provenir d’un apôtre ou d’un évangéliste ayant seul le droit de développer ou d’abréger le témoignage d’un autre apôtre et d’un autre évangéliste, en ajoutant ce qui lui semblait opportun, en retranchant ce qui lui paraissait moins propre au but particulier qu’il se proposait. 11 était impossible qu’un passage étendu ou abrégé par une main inconnue ou suspecte pût se concilier l’adhésion unanime des pasteurs et des fidèles. C’est là une observation dictée par le simple bon sens, contre laquelle la critique transcendante reste absolument impuissante. C’est un évangéliste autorisé qui seul a pu modifier le texte d’un autre évangéliste.

Mais comment s’est faite cette modification ? Faut-il supposer que saint Marc, par exemple, en composant son évangile, a pris entre ses mains l’évangile saint Matthieu, qu’il a ici laissé le texte intact, que là il a effacé et plus loin ajouté suivant l’opportunité. J’ai peine à supposer ce travail de révision ; et si les additions ne me répugnent point, les suppressions m’étonnent. L’intérêt croissant qui s’attachait aux Evangiles faisait désirer des additions et non des retranchements. Les apocryphes sont nés du besoin de connaître ce que les évangélistes avaient omis. La tradition n’autorise guère à supposer que le travail successif des évangélistes ait eu le caractère d’une révision des textes écrits. Nous touchons ici à une question très-grave et dont la solution importe grandement pour la défense du Nouveau Testament.