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D’après l’école rationaliste, la similitude des textes des synoptiques prouverait que ces livres ne sont qu’un remaniement d’un même texte primitif de l'Ur-Evangélium d’Eichhorn, d’Ewald et de Baur. Les différences seraient des interpolations anonymes faites à diverses époques pour servir les intérêts des partis et flatter des préjugés. Ce n’est point la nouvelle critique qui a découvert la première ce qu’il y a de commun au fond des trois premiers Evangiles. Tous les Pères ont reconnu que saint Marc reproduit souvent saint Matthieu et que saint Luc a puisé abondamment dans des souvenirs communs à ses deux devanciers. Comme la tradition affirme que les trois synoptiques ont été composés successivement, les apologistes ont fait remarquer que ce fait, loin d’être défavorable à l’authenticité des trois Evangiles, prouve au contraire que saint Marc reconnaissait la parfaite authenticité de saint Matthieu, et que saint Luc avait pleine confiance dans l’œuvre de l’un et de l’autre de ces deux écrivains. D’autre part, chacun des trois évangélistes ayant la même autorité, pouvait, suivant les besoins qu’il se proposait particulièrement de satisfaire, ajouter ce qui lui paraissait opportun, écarter ce qui lui paraissait moins utile ; et les différences sont de la sorte aussi bien justifiées que les similitudes. L’hypothèse des additions et des retranchements anonymes faits dans l’intérêt des partis pour servir des préjugés, est tout à fait invraisemblable : car un parti aurait réclamé contre l’autre, et les réclamations auraient empêché l’adoption de ces textes conformes dont nous avons constaté