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36 LES ÉVANGILES.

rait donner lieu à des systèmes préconçus (instantiœ naturœ) ; 2° comparer les faits (comparationes instantiarum) ; 3° induction mesurée et prudente.

Toute exégèse qui n’aura point suivi ces règles, est une exégèse sans autorité, capable de tous les excès et de toutes les illusions. Telle est, Messieurs, l'exégèse rationaliste qui, depuis plus de soixante ans, s’inspire des systèmes philosophiques en vogue, les retrouve dans la Bible, violente ce livre sacré, efface, ajoute, interprète les personnes, les paroles et les faits suivant les exigences de théories éphémères. Triomphant un instant avec elles, la critique moderne partage leurs défaites. C’est la plante parasite qui meurt avec l’arbre qui l’a nourrie.

Dans la dépendance absolue où elle se place, la critique biblique de notre époque n’a donc d’autre valeur que celle des philosophies qu’elle répète. Si vous rejetez les doctrines philosophiques dont l’exégèse se fait l’écho, vous rejetterez aussi cette exégèse. Si vous n’êtes point panthéistes, vous ferez peu de cas de ces érudits plus ou moins habiles, franchement ou hypocritement athées, soit qu’ils se dérobent sous le clair-obscur de la nuance, soit qu’ils se montrent brutalement impies. C’est parce qu’ils ont nié Dieu et la Providence qu’ils déclarent Jésus-Christ découronné par la science de son auréole divine, et chargent sa tête sacrée de la couronne dérisoire de leur faux respect, à peu près comme Hérode, qui couvrit les épaules sacrées du Christ d’un manteau d’une royauté dérisoire, et chargea son front de la couronne d’épines. Vous ne croirez donc ni à Strauss,