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Papias ne sont que notre évangile de saint Matthieu ; et j’ai prouvé que le mot grec λόγια n’avait pas le sens étroit qu’on lui attribue. Le système de Baur, d’après lequel les douze Apôtres auraient toute leur vie repoussé l’idée d’une Eglise universelle substituée à la synagogue et au particularisme juif, est simplement l’exagération d’un malentendu momentané entre saint Paul et les compagnons de la vie du Christ. IL faut condamner le principe d’après lequel le critique de Tubingue, faisant deux parts des textes évangéliques, attribue à ceux qui portent l’empreinte du particularisme juif une antiquité apostolique, et suppose une date plus récente à ceux qui s’élèvent à l’idée catholique d’une Eglise placée au-dessus de la loi mosaïque. Saint Paul fut reconnu apôtre par les douze, et les questions qui les séparèrent un instant furent solennellement tranchées au concile de Jérusalem. Les Juifs qui, après l’accord établi, défendaient encore la pérennité de la loi cérémonielle de Moïse, devinrent hérétiques, et nous retrouvons ces hommes opiniâtres au commencement du second siècle dans les rangs des Nazaréens et des Ebionites. Nous avons déjà établi ces faits dans le cours de nos leçons par des raisons générales. La discussion des difficultés particulières qui s’y rattachent deviendra l’objet d’une étude postérieure. Cependant nous voulons tout de suite éclairer un point que la nouvelle critique obscurcit, et aborder un problème qui est souvent étrangement méconnu. Nous voulons parler des différences et des similitudes qu’offrent les textes des trois premiers Evangiles.