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saint Matthieu. Le premier de nos Evangiles n’est, selon lui, qu’un remaniement plein d’additions remontant au second siècle. Saint Luc a laissé probablement un mémoire inspiré par saint Paul, mais ce mémoire a été retouché vers la même époque. Le mémoire original et les retouches avec les additions du même temps sont, aux yeux de Baur, parfaitement reconnaissables. Enfin l’évangile saint Marc aurait été composé d’après saint Matthieu et saint Luc, ce qui ne doit point empêcher de croire que saint Marc a réellement publié un récit sur la vie et les enseignements du Sauveur. Aucun des Evangiles, tels que nous les possédons, ne remonterait, selon Baur, au delà du second siècle. C’est après les synoptiques qu’aurait été composé l’évangile de saint Jean, c’est-à-dire vers le milieu du deuxième siècle.

Ce sont là, Messieurs, comme je vous l’ai démontré au commencement de ce cours, des systèmes sans preuves et inventés sous l’influence d’une fausse philosophie, dans le but d’éliminer des récits apostoliques l’élément surnaturel et d’écarter les miracles. Le déisme et le panthéisme ont inspiré ces conjectures ; l’arbitraire apparaît manifeste par leur simple exposé, et la tradition les désavoue. L’Evangile-source, Ur-Evangelium, d’Eichhorn, n’apparaît nulle part dans l’histoire : s’il avait existé au premier siècle, il aurait été conservé au second. Les copies et les commentaires ne détruisent pas les textes originaux. Le livre des Discours dont parle Ewald est une invention de ce critique non moins aventureux que savant. Les logia dont parle