Page:Meignan - Les évangiles et la critique au XIXe siècle, 1864.djvu/411

Cette page n’a pas encore été corrigée

chronique (Chron., ad an. II Trajani), affirment qu’il reçut les leçons de saint Jean ; lorsque saint Grégoire le Grand (Ep. XXXVII ad Anast. Antioch.) nous apprend à son tour que le saint martyr comptait parmi les auditeurs de saint Pierre ; lorsqu’enfin les constitutions apostoliques nous montrent saint Paul élevant Ignace à la dignité d’évêque d’Antioche pour les païens convertis, tandis qu’Evodius était pasteur des juifs devenus chrétiens ? Il n’est pas nécessaire de rappeler le surnom de Christophore donné à Ignace, pour attester la vénération dont l’Eglise naissante environnait son évêque ; il nous suffira de citer le passage des actes de son martyre où il confesse si généreusement sa foi devant Trajan. Je ne vous apprendrai rien, mais je cède au plaisir de vous redire les nobles paroles de ce fier témoin de l’Evangile : « Qui es-tu, mauvais esprit, dit Trajan, pour violer mes ordres et pour les faire transgresser aux autres ?» — Ignace répondit : c Un démon ne s’appela jamais Théophore. » — « Qu’est-ce qu’un Théophore, reprit Trajan ? » — « L’homme qui porte le Christ dans son cœur. » — « Mais nous portons aussi nos dieux dans nos cœurs ? » — « Tu te trompes, il n’y a qu’un Dieu créateur et un Christ, Jésus, son Fils unique. » — « Tu ne crois donc pas que Pilate l’ait crucifié ? »

— « Je crois qu’il est mort pour nos péchés. » — « Alors c’est un crucifié que tu portes dans ton cœur ? » — « Assurément, dit Ignace. Il est écrit : « Vous demeurerez en moi et je demeurerai en vous. » — L’empereur, jetant au martyr un regard irrité, dicta sur-le-champ cette sen¬