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l’esprit souffle où il veut, qu’on ne sait ni d’où il vient ni où il va. »

Ces locutions singulières ont un cachet propre ; elles ne sauraient être empruntées qu’à l’Evangile, ou si l’on veut, elles peuvent remonter plus haut, c’est-à-dire aux souvenirs encore palpitants de la parole imagée du Christ. Dans le premier cas elles établissent l’authenticité des Evangiles ; dans le second elles en attestent l’autorité ; dans l’un et dans l’autre, elles prouvent que le Nouveau Testament n’est point un vain recueil de légendes inventées au IIe siècle de notre ère.

Le témoignage de saint Ignace sera pour nous, Messieurs, le dernier anneau de la chaîne traditionnelle qui relie nos Evangiles aux Apôtres. Pouvais-je vous offrir, en terminant, un écrivain plus rapproché des évangélistes par le lieu et la date de sa naissance ? Pouvons-nous citer à l’appui de notre thèse un témoin d’une autorité plus imposante par la sainteté de sa vie et la gloire de son martyre ? Ignace était vraisemblablement originaire de la Palestine : Ignatius n’est que la traduction latine du vrai nom de l’évêque d’Antioche, Nourono, homme de feu, du mot syriaque nour, nouro, ignis. D’après Métaphraste et les Ménologes grecs, Ignace était ce petit enfant que Jésus-Christ, suivant saint Matthieu (XVIII, 4), présenta à ses disciples en leur disant : « Celui qui s’humiliera comme cet enfant sera le plus élevé dans le royaume de Dieu. » Qui pourrait douter qu’Ignace a du moins été disciple des Apôtres, lorsque les actes de son martyre et Eusèbe dans sa