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DEUXIÈME LEÇON. 35

dans la nature s’expliquait par l’horreur du vide; que le mouvement des astres avait pour cause le besoin inné des êtres de se rapprocher de Dieu. C’est autour du paradis que les planètes et les étoiles décrivaient leurs courbes. On élevait sur la base d’un a priori quelconque un édifice d’abstractions souvent très-ingénieusement construit, souvent très-vaste et très-beau, mais qui n’était point la reproduction du monde réel. Cette faute est fort ancienne dans le monde : elle a été commise bien des fois depuis les écoles grecques jusqu’au Moyen Age. Jean Duns Scot avait créé une physique calquée sur son système théologique. On s’en est justement moqué : mais comment se fait-il que ceux-là qui trouvent ridicule qu’on asseye les sciences naturelles sur une base métaphysique, soient justement les auteurs d’une exégèse entée sur une vaine philosophie ? Les vérités historiques, Messieurs, sont comme les vérités physiques ; on ne les invente pas. On les constate, on les prouve. Elles ne peuvent reposer que sur la base du témoignage et des monuments, et pas du tout sur des catégories logiques. Que diriez-vous d’un professeur de chimie ou de géologie qui chercherait aujourd’hui sa science ailleurs que dans la nature ? Les principes suivis par l’exégèse rationaliste engendrent des erreurs analogues à celles que combattit jadis le chancelier François Bâcon. S’il s’agit de critique historique, disait ce grand homme, voici la règle à suivre : 1° enregistrer les faits sans chercher d’abord à les combiner, parce que cette tentative prématurée pour-