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céleste pouvait-il ajouter qu’il avait lu et appris tout cela de saint Matthieu ?

Le Pasteur d’Hermas a joui dans les premiers siècles, surtout dans l’école chrétienne d’Alexandrie, d’une très-grande autorité. Saint Irénée le cite comme faisant partie des saintes Ecritures. « L’Ecriture,dit-il, a donc justement prononcé cette sentence : « Avant tout, je crois qu’il y a un seul Dieu qui a établi et consommé toute chose. » Clément d’Alexandrie parle du Pasteur comme d’un livre inspiré. Origène hésite sur ce dernier point : tantôt il reconnaît l’inspiration divine du livre d’Hermas, tantôt il la rejette. Tertullien le méprisait comme contenant des rêveries. Mais ici encore la question d’inspiration est bien différente de la question d’authenticité et surtout d’antiquité. Le fragment de Muratori fait remonter le Pasteur au temps du pape Pius, vers l’an 142.

Il est un monument de l’âge apostolique d’une date plus certaine : c’est la première épître de saint Clément aux Corinthiens, dont l’authenticité ne peut être sérieusement contestée. Saint Irénée commente cette épître et la résume. Denis de Corinthe (vers 170), en parle dans sa lettre aux Romains. Clément d’Alexandrie et Origène lui font de nombreux emprunts. Saint Clément, disciple des Apôtres et successeur d’Anaclet, est le troisième pape après saint Pierre. Or, dans l’épître dont je parle, il réunit plusieurs passages de saint Matthieu, de saint Marc, de saint Luc. On y lit : « Souvenez-vous des paroles de Jésus-Christ, car il a dit : Malheur à cet homme ! il vaudrait mieux pour lui