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qu’il était utile à ceux qui l’entendaient, et non point pour en faire l’histoire ordonnée et complète. C’est pourquoi il n’y a point à reprocher à Marc de n’avoir point mis d’ordre dans la narration des faits. Il ne s’attachait qu’à une chose, à ne rien omettre de ce qu’il avait entendu, et à ne rien écrire de faux[1]. »

Voici maintenant ce que Papias raconte de saint Matthieu : « Matthieu, dit-il, a écrit en hébreu (syro-chaldéen ?) les discours du Seigneur, et chacun interprétait ce texte comme il pouvait [2]. »

Il parle aussi de la première lettre de Jean et de la première lettre de Pierre dont il invoque le témoignage.

Nous voyons dans ce texte, d’abord le témoignage rendu par Papias à l’origine apostolique de l’évangile de saint Marc : Saint Marc a écrit les œuvres et les paroles de Jésus, τὰ λεχθέντα ἢ τὰ πραχθέντα. Il n’a point écrit suivant l’ordre chronologique les événements et les discours : c’est bien là, en effet, un des caractères de son œuvre, quoi qu’en disent les critiques de l’école de Tubingue. Il y met, bien entendu, le plus d’ordre qu’il peut ; mais nul ne voudrait prétendre qu’il a raconté les événements et reproduit les

  1. Aiebat etiam Presbyter ille Marcum Petri interpretem quæcumque memoriæ mandaverat, diligenter perscripsisse, non tamen ordine pertexuisse quæ a Domino aut dicta aut gesta fuerant. Neque enim ipse Dominum audiverat aut sectatus fuerat unquam. Sed cum Petro, ut dixi, postea versatus est qui pro audientium utilitate, non vero ut sermonum Domini historiam contexeret, Evangelium prædicabat. Quocirca nihil peccavit Marcus, qui nonnulla ita scripsit, prout ipse memoria repetebat. Id quippe unum studebat, ut ne quid eorum quæ audierat prætermitteret, aut ne quid falsi attingeret. » Euseb., Hist. eccl.,liv. III, ch. 39.
  2. « Matthæus quidem hebraico sermone divina scripsit oracula (λόγια) : interpretatus est autem unusquisque illa ut potuit » (Ibid.)