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parole vivante et qui demeure (παρὰ ζώσης φωνῆς καὶ μενούσης). On voit par là le grand prix qu’attachait l’Eglise du premier siècle à la tradition orale.

Au moment donc où Papias écrivait, il ne restait plus de contemporains de Jésus-Christ. Les Apôtres, et même l’évangéliste qu’il avait connu , étaient morts ; mais leurs disciples vivaient encore. Papias se hâte de recueillir leurs témoignages, afin de fixer par l’écriture ce qui ne l’était pas encore. Il met à cela d’autant plus d’empressement qu’il a entendu, lui aussi, les derniers accents de la voix de saint Jean, et qu’il est un des rares survivants de l’époque apostolique.

Ecoutons-le parler maintenant et rendre témoignage à l’authenticité de nos Evangiles.

« Je m’empresse, dit-il, d’écrire ce que j’ai appris des anciens et ce que j’ai gravé dans ma mémoire, en y joignant mes commentaires, afin de confesser la vérité. Je n’ai point écouté, comme la plupart le font, les hommes abondants en paroles, mais ceux plutôt qui instruisent ; ni ceux qui prêchent des préceptes nouveaux et étrangers, mais ceux qui avaient gravé dans leur mémoire les commandements du Sauveur, c’est-à-dire de la vérité même. Si je rencontrais quelque part les compagnons des anciens , je les interrogeais sur les paroles qu’ils en avaient recueillies. Que disaient André, Pierre, Philippe, Thomas, Jacques, Jean, Matthieu et les autres disciples des Apôtres ? Que disent aujourd’hui (λέγουσιν) Aristion et le prêtre Jean, disciples du Seigneur ? J’estimais que je gagnais moins