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34 LES ÉVANGILES.

Depuis Voltaire jusqu’à Baur, nous avons constaté le même phénomène. Il serait inutile d’insister davantage, et de chercher, en dehors des écoles d’exégèse que nous avons citées, d’autres exemples de la servilité du rationalisme biblique. Nous avons mentionné les principales d’entre elles, et omis à dessein celles qui n’ont pas une originalité propre.

Nous pouvons donc regarder comme un fait démontré incontestable que l’exégèse contraire à la divine autorité de nos Evangiles est bien réellement une dépendance et comme un accessoire de la philosophie. En abdiquant entre les mains de cette dernière, elle perd son autonomie, son autorité propre : elle n’a plus d’autre valeur que celle des systèmes dont elle est devenue l’écho.

Il est, Messieurs, des sciences qui ne peuvent s’allier à d’autres sciences sans se suicider, ou du moins, sans s’engager dans des voies anormales et stériles.

Pourquoi, au Moyen Age, les sciences physiques ont-elles été emprisonnées dans des formules impuissantes ? Pourquoi l’astronomie, détournée de son but, a-t-elle langui si longtemps dans les impasses de l’astrologie ? Pourquoi la cosmogonie s’égarait-elle dans les sphères imaginaires du mysticisme et des mondes inférieurs et supérieurs de Dante ?

C’est qu’on cherchait dans des conceptions purement logiques l’explication des phénomènes de la nature, et qu’on négligeait l’observation patiente des faits. On inventait des lois tout idéales. Il était convenu que la pesanteur