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pendant mille ans avec Jésus-Christ. Ces mille ans ressemblaient peut-être trop, en un point, dans l’esprit de quelques millénaires, au paradis de Mahomet. Le bonheur espéré devait consister dans des festins somptueux, dans les jouissances matérielles d’une terre redevenue ce qu’elle était pour Adam avant sa chute. Jérusalem serait alors rebâtie, et tous les rois de la terre viendraient adorer Jésus-Christ dans cette ville devenue la Jérusalem splendide dont parle l'Apocalypse. Tous les millénaires ne donnèrent pas, il faut le dire, dans ces erreurs grossières qui disparurent, au reste, vers le Ve siècle. La part que Papias a prise aux fables des millénaires paraît lui avoir fait grand tort dans l’esprit d’Eusèbe. Après l’avoir appelé : ἀνὴρ τὰ πάντα λογιώτατος καὶ τῆς γραφῆς εἰδήμων, il dit de lui σφόδρα σμικρὸς τὸν νοῦν. Il va même, par voie de conclusion, jusqu’à lui refuser d’avoir été un auditeur de saint Jean l’évangéliste. Mais il est évident que le témoignage de saint Irénée doit ici l’emporter. Irénée avait été le contemporain de Papias et avait fréquenté avec lui Polycarpe.

Le grand intérêt qu’offre Papias est pour nous dans son ouvrage en cinq parties intitulé λογίων κυριακῶν ἐξήγησις (explanatio sermonum et gestorum Domini), bien que ce document précieux, qui n’existe plus depuis le XIIIe siècle, ne nous soit connu que par des fragments conservés par saint Irénée, Eusèbe, André de Césarée (550), Œcumenius,le confesseur Maxime et Anastase le Sinaïte. L’ouvrage de Papias était une explication des paroles de Jésus,et un récit de