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avec quelques fils tenus et brisés, de former un tissu continu de toute la vie de Papias. Il parle de sa naissance, de son éducation, de ses études, de son ordination, de son épiscopat et enfin de son martyre. Ce tissu est malheureusement peu solide ; et l’hypothèse en a fourni la trame. Ce ne sont là que des conjectures que je passerai sous silence.

Papias était dans la première moitié du second siècle évêque d’Hiérapolis, dans la petite Phrygie. D’après Tillemont , il jouissait déjà de beaucoup de considération vers l’an 105. Irénée en fait mention et l’appelle un homme antique, ἀρχαῖος ἀνήρ, un auditeur de saint Jean l’évangéliste et un ami de Polycarpe, Ἰωάννου μὲν ἀκουστής, Πολυκάρπου δὲ ἑταῖρος. On croit qu’il subit le martyre à la même époque que Polycarpe, vers 165 ou 167. C’est, d’après saint Jérôme, un homme auquel sa vie et sa mort donnent une grande autorité. Jérôme se refusa, bien que les chrétiens, l’en sollicitassent vivement, à traduire ses ouvrages, affirmant, par une excessive humilité sans doute, qu’il était impuissant à reproduire la sainte et haute doctrine qu’ils contenaient.

Papias tomba cependant dans l’erreur des millénaires. Une fausse interprétation de quelques paroles des Apôtres et de l’Apocalypse le jetèrent en dehors du vrai. Cette erreur, au reste, était très-commune dans les premiers siècles. Justin et Irénée, pour ne citer qu’eux, étaient millénaires. Vous savez en quoi consistait cette aberration. Les millénaires prétendaient qu’à la fin des temps les justes ressusciteraient avant les autres hommes pour vivre