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dans Justin, le même texte cité plusieurs fois diversement ; que Justin, qui a cité sept fois Platon, l’a toujours reproduit exactement quant au sens, mais inexactement quant aux mots ; que la raison de ces faits était dans la rareté et la cherté des livres, et dans la difficulté, quand on les avait, de les consulter, enroulés qu’ils étaient et privés de tables et de pagination.

Enfin, si Justin joint aux paroles des évangélistes d’autres paroles et d’autres faits, c’est que touchant au temps où avaient vécu les Apôtres, il empruntait à la tradition orale, alors si riche de souvenirs, des paroles en circulation. Cependant, chose remarquable, les principaux faits ajoutés par Justin aux Evangiles ont été conservés dans de vieux manuscrits. Saint Augustin en faisait la remarque de son temps ; et plusieurs textes, conservés à Cambridge et ailleurs, renferment les variantes de Justin. Voilà, Messieurs, le point où nous sommes arrivés dans l’exposition des témoignages de la première moitié du second siècle. A côté de Justin, nous placerons aujourd’hui Papias.

Je voudrais pouvoir, Messieurs, vous faire l’histoire de cet homme considérable, de ce témoin précieux qui, né au premier siècle, vécut avec les derniers des Apôtres et avec la sainte phalange de leurs propres disciples. Mais les données relatives à sa vie sont rares. Je vous dirai ce que nous en savons de certain, sans recourir aux conjectures de son biographe, le jésuite Halloix, dans son ouvrage : Illustrium Ecclesiœ orietitalis scriptorum sæculo primo, vitœ et documenta. Ce bon Père a trouvé moyen,