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peut-être plus de cent fois. Nous avons donc dans Justin un précieux témoin du commencement du IIe siècle. Sa parole, je vous l’ai dit, a l’autorité que donnent l’amour de la vérité et la gloire du martyre. Trois difficultés nous ont été opposées, tendant, je ne dis pas à détruire son témoignage, mais à l’amoindrir. Premièrement, Justin n’appelle pas les Evangiles par leur véritable nom ; secondement, il ne les cite pas exactement ; troisièmement, il note dans le Nouveau Testament ce qui ne s’y trouve pas. Nous avons répondu à la première difficulté. Justin affirme positivement à plusieurs reprises que les Mémoires des Apôtres sont les Evangiles, in commentariis quœ dicuntur Evangelia. S’il ne cite pas le nom de saint Matthieu, de saint Marc, de saint Luc, il désigne assez ces Apôtres par les textes qu’il produit. Enfin ces noms inconnus des païens, ignorés des Césars, du sénat romain et des Juifs d’Asie Mineure, n’auraient eu pour toutes ces catégories de lecteurs aucune valeur. Les personnes de Matthieu, de Marc et de Luc n’étaient rien pour ce public dédaigneux : leur seul titre à l’attention était celui d’Apôtres et de disciples du Christ : c’est aussi le nom qui leur est donné par saint Justin. Ses lecteurs ne lui en demandaient pas davantage. Nous avons répondu à la seconde difficulté tirée de la négligence et de l’inexactitude des citations, que non-seulement Justin, mais tous ses contemporains, citaient imparfaitement et de mémoire le Nouveau Testament , l’Ancien Testament et les auteurs profanes. Nous avons ajouté que l'on trouve chez les Pères et notamment