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sujet, rattacher aussi haut que possible la chaîne de la tradition et explorer chacun de ses anneaux. Il s’agit moins d’ajouter une confirmation nouvelle aux témoignages d’Irénée, de Clément, de Tertullien et de Justin, que d'aller au-devant d’une objection qui pourrait être faite. On serait en droit en effet de demander comment, pendant la première moitié du second siècle et dans les dernières années du premier, les écrivains ecclésiastiques n’ont pas parlé des Evangiles ?

Nous avons dit que si ce silence existait, il ne faudrait pas beaucoup s’en étonner. Car, premièrement, l’Eglise a été fondée non sur la parole écrite, mais sur la tradition orale : secondement, les chrétiens du premier siècle et du commencement du second agissaient beaucoup et écrivaient peu ; quelques lettres, échappées au naufrage du temps, composent tous les écrits des Pères apostoliques : troisièmement, les Evangiles n’ont dû commencer à être cités qu’à la mort des Apôtres et de leurs compagnons. C’est à ce moment seulement qu’ils devinrent de très-importants monuments des origines de la tradition. Mais Dieu n’a pas permis cette absence de témoignages pendant la première moitié du second siècle et à la fin du premier. Nous pouvons donc vous faire part de cette surabondance providentielle des témoignages. Dans la dernière leçon, j’ai cité des affirmations précises de Justin, dont le rôle d’apologiste a duré près de dix ans, de 130 à 140 après Jésus-Christ. Dans dix-huit endroits de ses ouvrages, il cite positivement nos saints Evangiles et il y fait allusion