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deux manuscrits latins où il en est question. Il faut d’ailleurs se rappeler que Justin manquait souvent d’exactitude dans la citation des Evangiles, et peut-être a-t-il mêlé au fait partiel raconté par le Nouveau Testament une circonstance qui lui était étrangère. C’est ainsi qu’il attribue au Pentateuque des faits qui ne s’y trouvent pas. Saint Irénée , Clément d’Alexandrie ont aussi mêlé à l’histoire de Jésus des faits qu’ils empruntaient à la tradition orale. Papias a rempli cinq livres de récits émanés de la même source. Loin donc de trouver étonnant que Justin ait mêlé quelques faits étrangers aux récits des Evangiles, il faut s’étonner qu’il n’ait pas puisé davantage dans la tradition orale. C’est là un fait qui prouve la grande et presque l’exclusive autorité des Evangiles au temps de Justin. Enfin, il n’est presque aucun des faits cités qui ne se trouve dans quelque manuscrit ancien encore existant : ce qui prouve que même les erreurs de Justin avaient leur source dans ceux des textes des Evangiles qui sont arrivés jusqu’à nous.

Ainsi, Messieurs, mon opinion, fondée sur l’examen d’un nombre très-considérable de citations exactes de nos Evangiles faites par saint Justin, et même sur l’examen des citations inexactes, est que Justin avait sous les yeux le texte actuel de nos Evangiles. Mais, Messieurs, en supposant que cette opinion ne soit pas la vôtre, que vous acceptiez au contraire celle de l’école de Tubingue, celle de Volkmar par exemple, vous ne trouverez pas moins dans Justin une preuve éclatante de l’authenticité de nos