Page:Meignan - Les évangiles et la critique au XIXe siècle, 1864.djvu/39

Cette page n’a pas encore été corrigée

DEUXIÈME LEÇON. 33

l’unité substantielle, posant le moi et le non-moi, dans la conscience du Christ.

Enfin pour le panthéiste et la nouvelle critique biblique, l’incarnation est l’humanité arrivant à la conscience de sa divinité ; la rédemption est l'homme s’affranchissant du mal, c’est-à-dire de la limite et se reconnaissant identique à l’absolu !

La fondation de l’Eglise n’est pas le fait des douze apôtres travaillant de concert à accomplir la mission qui leur a été confiée par Jésus-Christ. C’est une évolution hégélienne avec ses trois moments : la thèse, l’antithèse et le retour à l’unité. En effet, les Apôtres, un moment d’accord le lendemain de la mort de Jésus-Christ, se divisent en deux partis contraires : le parti juif et le parti hellène, le parti d’un christianisme strictement mosaïque et le parti d’un christianisme universel, le parti de Pierre, de Jean et de Jacques, et le parti de Paul. Les deux factions luttent ensemble, mais bientôt elles se réconcilient : les deux éléments qu’elles représentent se comprennent, se rapprochent, et l’Eglise catholique est fondée.

Quiconque, Messieurs, a fait une étude sérieuse à la fois du panthéisme et de l’exégèse moderne, ne niera pas que Strauss et ses continuateurs aient pris pour base de leur interprétation de la Bible les principes mêmes de l’école hégélienne. Philosophes d’abord, critiques ensuite, ils violentent les faits au nom des idées, et, bon gré malgré, ramènent les paroles du Christ et des Apôtres au sens de leurs théories. L’exégèse se met au service de la philosophie, et répète la leçon qu’elle en a reçue.