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est commun à presque tous les Pères. Ils citaient librement non-seulement le Nouveau Testament, mais aussi l’Ancien. Cela se comprend, quand on se souvient qu’ils n’avaient point toujours à leur disposition les volumes de la Bible. Les livres étaient rares et chers à cette époque. On ne pouvait que rarement faire les citations mot à mot ; on se bornait à les faire de mémoire. Origène, à la vérité, était très-exact dans la reproduction des textes ; mais Clément d’Alexandrie, son maître, l’était beaucoup moins lorsqu’il citait soit l’Ancien, soit le Nouveau Testament. On trouverait dans les Pères du IIIe et du IVe siècles, dans saint Cyprien, dans Tertullien, de nombreux exemples de la liberté dans les citations remarquée chez Justin. Scholz dit à ce sujet : « Les Pères avaient coutume de citer les Ecritures de mémoire, sans regarder leurs manuscrits, en sorte que l’on pourrait dresser une longue liste de leurs fautes de mémoire ou de leur indolence. Quelquefois ils analysent, d’autrefois ils paraphrasent. Ils donnent bien plutôt le sens que les mots précis du passage, et le même texte est cité plusieurs fois d’une manière différente. » La même remarque a été faite par Eichhorn : « Ce sont là, dit-il, des faits qui ne peuvent être niés. » Justin aussi cite plusieurs fois les mêmes textes avec des mots différents, ceux des Septante comme ceux des Evangiles. Il altère le langage de l’Ancien Testament. Tantôt il réunit des passages détachés de différents livres, les donnant comme s’ils se faisaient suite ; tantôt il rapporte à un prophète ce qui a été dit par un autre ; il attribue même au Pentateuque ce qui