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moires des Apôtres, les Mémoires des Disciples. Il ne pouvait rien dire de plus affirmatif que ces paroles empruntées à son Dialogue : « Dans ces Mémoires que j’affirme avoir été composés par les disciples du Christ et leurs compagnons. » Les Apôtres du Christ étaient saint Matthieu et saint Jean, et leurs compagnons saint Marc et saint Luc.

Cependant, Justin ne cite-t-il jamais les évangélistes ? Il a cité saint Jean. Dans un autre endroit du Dialogue, quelques lignes après celles que j’ai mentionnées, Justin parle du changement du nom de Simon en celui de Pierre, et du surnom de Boanergès donné à Jacques et à Jean, et il dit : « Comme il est écrit dans les Mémoires de Pierre. » Ces Mémoires de Pierre sont évidemment l’Evangile de saint Marc, qui reproduit les prédications de saint Pierre. Tout le monde, en effet, regardait à cette époque l’Evangile de Marc comme la prédication même de Pierre.

Nous passons à la seconde objection, le défaut de coïncidence avec nos Evangiles des textes cités par Justin. Il faut d’abord remarquer que pour la plus grande partie des textes l’identité est parfaite, et que ce n’est que dans un petit nombre qu’elle n’existe pas. Ce défaut de coïncidence consiste ordinairement dans le changement d’un mot, dans l’addition ou l’omission d’une expression, et enfin en une légère différence de la construction de la phrase. Le fait d’une certaine liberté dans la reproduction des textes de l’Ecriture n’est point particulier à saint Justin, il