du second siècle qu’à la fin. Il a fallu, en effet, un temps plus ou moins long pour que le terme Evangile, qui s’appliquait à toutes les prédications des Apôtres, fût exclusivement employé pour désigner les écrits du Nouveau Testament. Justin ne cite ni le nom de saint Matthieu , ni celui de saint Marc, ni celui de saint Luc ; mais rappelons-nous encore une fois qu’il parlait à l’empereur, au sénat, aux Romains et aux Grecs, dans ses Apologies ; et que dans son Dialogue avec Tryphon les noms des évangélistes eussent été cités peut-être avec aussi peu d’opportunité, ces noms étant parfaitement inconnus à un juif d’Asie Mineure. De quelle autorité eussent-ils été pour lui ? Une fois seulement, Justin cite saint Jean comme auteur de l' Apocalypse, et la manière dont il le fait permet de voir à quel point cet apôtre était inconnu aux lecteurs pour lesquels il écrivait : « Un d’entre eux, nous dit-il, lequel a été un des Apôtres, dans la révélation qui lui a été faite par Dieu, etc. » Cependant, parmi les Apôtres, saint Jean était un de ceux qui devaient avoir le plus de renommée. S’il était, malgré cela, inconnu aux païens, lecteurs de Justin, saint Matthieu devait être complètement ignoré : saint Marc et saint Luc n’étaient pour eux que d’obscurs étrangers. Pour les adversaires de Justin, l’expression Evangile selon saint Matthieu, Evangile selon saint Luc, eût donc été à cette époque quelque chose de tout à fait insignifiant. La qualité d’Apôtre et de disciple du Christ pouvait seule les toucher, et Justin était naturellement conduit à se servir de ces mots : les Mé¬
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