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Toute leur argumentation se réduit, en dernière analyse, à faire valoir les trois difficultés présentées plus haut, et nous croyons qu’elle doit tomber devant les raisons suivantes. D’abord, et ceci n’est pas douteux, par les Mémoires des Apôtres, Justin entend les Evangiles : il le dit formellement : Apostoli in Commentariis a se scriptis quœ Evangelia vocantur. Il parlait à un empereur romain, au sénat, aux princes, aux païens lettrés de l’empire ; mais quelque instruits qu’ils fussent dans la science et la philosophie, ils n’eussent point compris ce que Justin eût voulu leur dire, s’il s’était servi du simple mot Evangile. Il leur devait une explication de ce terme étranger à leur langue usuelle ; ou plutôt il importait de lui substituer un synonyme qu’ils connussent. Ce synonyme lui était indiqué par l’usage ; ils connaissaient tous les Mémoires de Socrate, écrits par un de ses disciples. Les Evangiles étaient des Mémoires, sous plus d’un point, analogues à ceux-là. Toutefois , comme je l’ai fait remarquer, Justin n’omet pas complètement le mot Evangile, et après avoir expliqué ce qu’il entend par là, il se sert de ce mot lui-même, ainsi que nous l’avons vu dans les textes cités. Il n’est point étonnant qu’au commencement du second siècle le nom Evangiles alterne avec une autre dénomination. Nous ne savons point positivement si ce nom, est celui qu’ont d’abord porté les écrits du Nouveau Testament. Tout ce que nous pouvons affirmer, c’est que Justin le connaissait ; mais on peut supposer qu’il était moins en usage au commencement