Page:Meignan - Les évangiles et la critique au XIXe siècle, 1864.djvu/382

Cette page n’a pas encore été corrigée

Trois difficultés, Messieurs, sont élevées contre ces témoignages que rien ne serait plus facile de multiplier. Aucun des auteurs des Evangiles n’est nommé par Justin. De plus, il n’y a pas une correspondance exacte entre les termes des citations et les textes de nos Evangiles. Enfin, certains emprunts faits à l’histoire écrite du Christ ne se retrouvent pas dans les Evangiles que nous possédons. Jusqu’au XVIIIe siècle personne n’avait refusé d’admettre que saint Justin citait nos quatre Evangiles sous le nom de Mémoires. Dodwel, Mill et Grabe, les premiers, firent remarquer les trois singularités dont nous parlons. Cependant ils ne s’y arrêtèrent pas, et ils les expliquèrent d’une manière qui parut satisfaisante. En 1777, Stroth fut le premier qui vit dans ces difficultés un motif de conclure que Justin n’avait pas cité nos Evangiles. Eichhorn, Berlholdt, toujours en quête d’un Evangile primitif, s’imaginèrent enfin l’avoir trouvé.

Les citations de saint Justin parurent aussi à Gieseler un indice évident de l'Evangile primitif oral. Mais les hommes les plus éminents tels que Michælis, Lange, Schutz, Hug, De Wette, Scbolz, Olshaüsen, Scbott, Winer ont prouvé que les raisons apportées contre l’identité des textes cités par Justin et de ceux de nos Evangiles n’avaient pas de valeur, et que Justin avait bien sous les yeux les textes qui nous sont parvenus. La question a été agitée de nouveau par l’école de Tubingue. Schwegler, Zeller, Hilgenfeld ont repris la thèse d’Eichhorn sans réussir à la mieux établir.