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Telle a été la vie de Justin, Messieurs. Elle recommande son témoignage. Or voici comment il le rend à l’authenticité de nos Evangiles.

Il fait dix-huit fois mention des Evangiles qu’il appelle Mémoires des Apôtres. — On lit dans son Apologie à Antonin le Pieux : καὶ τὰ ἀπομνημονεύματα τῶν ἀποστόλων, ἢ τὰ συγγράμματα τῶν προφητῶν ἀναγινώσκεται μέχρις ἐγχωρεῖ[1]. « les Mémoires des Apôtres et les écrits des prophètes sont lus (dans nos réunions) autant que le temps le permet. » Ce rapprochement entre les Mémoires des Apôtres et les écrits des prophètes, lus publiquement, montrent bien que par ces Mémoires il faut entendre les Evangiles, et que leurs auteurs sont les Apôtres, soigneusement distingués par Justin des simples disciples, comme on le voit dans le dialogue avec Tryphon (p. 315).

On lit encore dans la même Apologie : Apostoli in Commentariis a se scriptis quœ Evangelia vocantur ita tradiderunt prœcepisse Jesum ; eum enim pane accepto, cum gratias egisset, dixisse : hoc facite in mei recordationem [2]. « Les Apôtres, dans les commentaires qu’ils ont écrit et qu’on nomme Evangiles, nous ont transmis ce commandement de Jésus : il dit, après avoir pris le pain et rendu grâces : faites ceci en mémoire de moi. » Dans son Dialogue avec Tryphon, on trouve ces paroles : Vestra sane, inquit Trypho, quœ in Evangelio, quod dicitur, sunt prœcepta, tam magna et admiranda esse novimus, ut suspicio nostra sit, a nemine ilia servari

  1. S. Just., Apolo. II, p. 98.
  2. Id, Dialo. c. Tryph., p. 98.