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tion s’engagea entre eux sur la philosophie, et Justin révéla au vieillard la détresse de son âme. Celui-ci lui apprit tout ce qu’avait de défectueux la manière dont il cherchait la sagesse. Elle ne s’acquiert point, lui dit-il, comme la connaissance de l’arithmétique, de la médecine, de l’astronomie , de la stratégie, par voie discursive ou empirique, mais par la connaissance des révélations faites par Dieu aux prophètes et à son Christ ; elles sont consignées dans des écrits sacrés qu’il pourrait se procurer. « Ceux qui les lisent, dit le vieillard, comprennent le principe et la fin de toute chose, et savent bientôt ce qui fait le vrai philosophe... Vous ne trouverez rien de semblable chez les sages du paganisme, que remplit l’esprit d’impureté et de mensonge... Mais avant tout demandez, par la prière, que les portes de la lumière s’ouvrent pour vous ! Qui peut voir et comprendre, si Dieu et son Christ ne lui donnent l’intelligence ? »

Après ce discours, le vieillard s’éloigna et ne reparut plus ; mais Justin avait été atteint du trait de la grâce. Il se mit à étudier l’Ancien et surtout le Nouveau Testament. La sublimité et la simplicité de l’Evangile, l’étude des prophéties achevèrent sa conversion. L’histoire de cette conversion, telle que nous venons de la raconter, a été écrite par Justin lui-même pour servir de préambule à son dialogue avec Tryphon. Il ne faut y rien voir d’absolument fictif : cette âme inquiète est l’image des hommes sérieux de son temps : c’est celle du patricien Clément, celle de Tatien, de Denys d’Alexandrie, de Théophile d’Antioche,