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maître. C’est dans son dialogue avec Trypbon que le saint raconte lui-même la suite de ses mésaventures. Il s’adressa en second lieu à un péripatéticien. Mais, après quelques jours, il s’en éloigna encore. Son nouveau maître lui parut trop préoccupé de la question des honoraires qu’il voulait avant tout débattre et fixer. Il alla trouver en troisième lieu un pythagoricien ; mais, dès sa première visite, il comprit qu’il n’avait rien à en attendre. Celui-ci exigeait, comme condition préalable à toute philosophie, la connaissance de la musique, de la géométrie, de l’astronomie. Cette connaissance, selon lui, était nécessaire pour délivrer l’âme des liens grossiers de la matière ; elle était le vestibule indispensable de la philosophie. Enfin, Justin crut avoir rencontré tout ce qu’il cherchait auprès d’un platonicien. La belle théorie des idées de Platon le ravit et donna des ailes à son âme. Il s’estimait un sage et croyait déjà contempler la Divinité. Mais la déception n’était pas loin sans doute, lorsque Dieu voulut récompenser tant de zèle pour la vérité. Un jour qu’il se promenait, suivant son habitude, au bord de la mer, enseveli dans de profondes méditations, il vit s’avancer vers lui un vieillard plein de douceur et de majesté. Etait-ce un ange, un ermite, un évêque ? Toutes ces opinions ont été soutenues. Ceux qui pensent que l’événement eut lieu près de Smyrne, supposent que le vieillard était Polycarpe. Fabricius, entre autres, est de cette opinion. C’était pour le moins un chrétien d’une haute distinction d’esprit et doué d’une grande puissance de persuasion. La conversa¬