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Messieurs, cet argument est particulièrement triomphant quand on songe qu’il était opposé aux hérétiques dès le temps de Tertullien et d’Irénée. Ces docteurs avaient vécu avec la génération qui avait connu les Apôtres. Irénée était disciple de Polycarpe et gardait ineffaçable dans son cœur, comme il le dit dans sa lettre à Florinus, le souvenir de tout ce que ce vieillard lui avait appris. L’erreur n’était possible pour personne. Donc, Messieurs, du fait qu’il était de notoriété publique, dans la seconde moitié du second siècle, que les Evangiles répandus partout avaient une origine apostolique, nous pouvons conclure que ces Evangiles remontent certainement aux Apôtres. Il nous serait permis de ne point chercher d’autre démonstration : celle-ci est complète.

Il eût été possible que les témoignages des écrivains ecclésiastiques se bornassent à ceux que nous venons d’entendre, et que nous n’eussions d’autres monuments que ceux que nous venons de montrer, et dans ce cas, ils suffiraient. Les écrivains du premier siècle et du commencement du second, en effet, agissaient beaucoup et écrivaient peu. De plus, les Evangiles, pendant la vie des Apôtres et celle de leurs disciples immédiats, ne pouvaient avoir l’importance dont ils ont joui plus tard. Papias disait qu’il aimait bien mieux entendre les hommes apostoliques que lire leurs écrits. Il avait raison, la parole écrite n’a point la vie, l’abondance, la lumière du discours, et surtout de la conversation. La parole écrite est à la parole parlée ce que la fleur de l’herbier est à la fleur des champs. Dans les temps