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DEUXIÈME LEÇ0N. 31

par eux imposables, et les mystères des contre-sens. Mais, d’une autre part, les déistes croyaient à la vertu, aux sacrifices dignement acceptés, aux dévouements généreux, à la vie future, etc., etc. Par une heureuse inconséquence, ils étaient chrétiens quand ils ne s’estimaient que philosophes.

La philosophie de Rousseau, et en général celle des déistes, se reflète tout entière dans leurs opinions exégétiques. Le déiste disait : Ma raison me suffit ; l’exégète, en Allemagne aussi bien qu’en France, dira : Point de révélation, point de théopneustie dans l’Evangile. Le déiste déclarait les miracles incompatibles avec la stabilité de l’ordre physique ; l’exégète effaçait le miracle, quelque part qu’il le trouvât dans l’Evangile. Le déiste croyait à la générosité de la nature humaine ; l’exégète célébrait les vertus du Christ. Jésus et les Apôtres avaient été complètement sincères.

Le déiste avait dit : I1 n’y a point de mystères dans la religion , pas de miracles dans la nature. L’exégète dira à son tour : Il n’y a pas de mystères, pas de miracles dans l’Evangile. Le déiste niait la résurrection des corps ; l’exégète ne verra dans les paroles si formelles de Jésus-Christ à cet égard que l’assurance de l’immortalité des âmes. Le déiste qui nie tous les mystères, repousse celui de la transsubstantiation ; l’exégète à son tour ferme les yeux à l’évidence manifeste de ces paroles : « Ceci est mon corps ; ceci est mon sang.'»

Pourquoi poursuivre une comparaison superflue, et