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premier coup, à l’œil exercé du savant, remonter au VIIIe siècle ; néanmoins il n’en soupçonna pas d’abord tout le prix. Il le copia et le livra au public comme un spécimen des innombrables fautes commises par les copistes au Moyen Age. En effet, le manuscrit en était criblé. Mais ce n’était là qu’un médiocre titre à l’intérêt : le plus grand lui venait de son texte latin, négligemment copié au Moyen Age, mais remontant au second siècle. Examiné, en effet, attentivement par les savants de l’Europe entière, il a paru à tous remonter au moins au temps d’Irénée, et avoir été écrit au plus tard vers l’an 180 de notre ère. Muratori supposait qu’il avait été composé par un certain Caius, prêtre de l’Eglise romaine, vers l’an 196. Bunsen l’attribua à l’historien Hégésippe, contemporain de saint Justin ; mais, encore une fois, personne ne nie qu’il ne remonte au second siècle. Le vrai titre de cet écrit devrait être, suivant le savant Credner : De libris quos Ecclesia catholica recipit. En effet, Messieurs, c’est un catalogue miraculeusement conservé des livres canoniques reçus au second siècle par l’Eglise catholique. Eh bien ! Messieurs, le fragment de Muratori montre nettement que, dès cette époque reculée, il n’existait pas le moindre doute sur la canonicité de nos quatre Evangiles, sur celle des Actes des apôtres, de treize épîtres de saint Paul, de l’épître de saint Jude, des trois épîtres de saint Jean et de l’Apocalypse ; c’est-à-dire qu’à cette époque le canon des livres sacrés du Nouveau Testament était fixé, à quelque chose près. Ainsi que je vous l’ai déjà