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Polycarpe avait entendu quelque chose qui ressemblât à tes erreurs, ô Florinus ! il se serait aussitôt récrié. On l’eût vu se boucher les oreilles, prendre la fuite et il eût dit, suivant son habitude : « O mon Dieu ! à quel temps m’avez-vous réservé ? Faut-il que je subisse de pareils discours [1] ! »

Ainsi, Messieurs, Irénée naquit et grandit en Asie Mineure, au milieu des églises fondées par saint Paul et par saint Jean. C’est là qu’il fut nourri de cet ardent amour de la vérité qu’if laissa éclater durant toute sa vie. Il ne reçut pas seulement une éducation religieuse, on lui fit étudier aussi les sciences et la littérature grecque. Il connaissait Homère et Platon, ainsi que ses ouvrages le prouvent.

Conduit par la Providence dans les Gaules, peut-être à l’occasion du voyage de Polycarpe à Rome, il s’y fit remarquer des confesseurs de la foi par un zèle ardent pour la vérité qu’on persécutait, et par le talent avec lequel il la défendit. Il fut chargé par eux d’une mission auprès du pape Eleuthère. A son retour à Lyon, il monta sur le siége épiscopal de cette ville. Son prédécesseur, saint Pothin,en avait été arraché, vers l’an 178, par la persécution. Au rapport d’Eusèbe, saint Irénée convertit presque toute la ville au christianisme ; et, par sa science et sa doctrine, il acquit une immense autorité dans les Gaules et dans toute l’Eglise. Eafin, sa vie fut couronnée par le martyre, qu’il subit sous Septime-Sévère l’année 202.

  1. Eusèbe, Hist. eccl., V, 20.