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qui peut être comparée au cours des eaux. Nous allons prendre ce courant de la tradition à un point où il est assez fort, assez visible pour n’être contesté par personne, et de ce point nous remonterons à sa source, c’est-à-dire, au grand fait de la rédaction de nos saints Evangiles par les Apôtres et leurs disciples immédiats. Transportons-nous pour cela à la fin du second siècle : de là, nous remonterons facilement au premier.

Aujourd’hui, je vous parlerai des témoignages fournis par saint Irénée, Tertullien, et de l’étonnante confirmation que leur apporte le fragment de Muratori. Vous savez tous, Messieurs, quel fut le célèbre Père de l’Eglise qui porta le nom d’Irénée. Ainsi que le remarque Eusèbe, le mot Irénée veut dire pacifique, et cependant toute la vie de ce grand homme fut une lutte contre les erreurs de son temps. Toutefois cette vie, suivant un écrivain moderne, ne contredit pas son nom, car la bonne guerre prépare une paix durable. Irénée est le grand adversaire des Gnostiques, et leur plus exact historien. C’est aussi un des témoins les plus précieux de l’autorité de nos saints Evangiles.

Il est difficile de déterminer exactement l’année de sa naissance ; il est permis de conjecturer cependant que ce fut dans la première moitié du second siècle, vers l’an 140 de notre ère. Une ville d’Asie-Mineure fut son berceau. Est-ce Smyme qui eut cet honneur ? Une lettre à Florinus, son compagnon de jeunesse, tombé plus tard dans l’hérésie, permet de le croire. Je veux vous en lire un extrait.