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êtres imparfaits, qui pour se compléter ont besoin d’idées et d’êtres nouveaux : ces êtres créent donc à leur tour, ou plutôt font sortir d’eux-mêmes d’autres éons par voie d’émanation. Cette génération successive continue jusqu’à ce que cet ensemble de productions, à la fois idéales et substantielles, forme un tout complet, le plérome, πλήρωμα. Le principe premier s’appelle προαρχή, προπάτωρ. Au fond du premier principe repose la pensée silencieuse, ἡ ἔννοια, ἡ σιγή, de sorte qu’il y a en Dieu une espèce de dualisme, l’être qui engendre et la pensée engendrée. C’est la première syzygie. Ces deux êtres en se combinant produisent la raison, ὁ νοῦς ὁ μονογενής, et la vérité, ἀλήθεια. C’est la deuxième syzygie. Voilà le premier groupe divin, formé par le nombre quatre, la sainte tetractys du pythagoricien, ἱερὰ τετραχθύς, prima quadriga Valentinianæ factionis, dit Tertullien. Voilà le type et le principe des autres émanations. Le raisonnement et la vérité, ὁ νοῦς καὶ ἡ ἀλήθεια, créent à leur tour le Verbe et la vie, λόγος καὶ ζωή ; du Verbe et de la vie émanent l’homme et l’Église. — Là ne se bornent pas les créations du Verbe et de la vie : ils produisent encore dix éons. L’homme et l’Église, à leur tour, engendrent douze autres éons, en sorte que la somme des éons s’élève à trente, juste le nombre des dieux de la théogonie d’Hésiode. Ces éons sont accouplés deux à deux et représentent l’élément mâle et l’élément femelle. Ils forment le déploiement de Dieu, la manifestation de ses attributs, le plérome de ses perfections. Vous voyez dans l’exposition que je viens de faire la vérité chrétienne défigurée