nous contenterons d’observer que si les faits particuliers dont il s’agit sont douteux pour quelques-uns, il doit être certain pour tout le monde que l’ambition et les folles amours jouent un grand rôle dans le drame émouvant des divisions humaines. L’histoire du passé nous montre l’orgueil blessé à la tête de bien des conjurations, et, par contre, plus d’un compagnon de Brutus assoupli par les faveurs d’Octave.
Valentin quitta Alexandrie et alla à Rome au temps du pape Hygin, vers l’an 140. Puis il se retira dans l’île de Chypre ; et c’est là, suivant saint Irénée et Tertullien, qu’il mit la dernière main à ce trop fameux système gnostique dont il est l’auteur.
J’ai tracé à grands traits, dans la dernière leçon, les principaux contours des hérésies gnostiques. Du général passons au particulier, et voyons en quoi consistait le système de Valentin. C’est une page fort curieuse de l’histoire de la pensée humaine. Le système de Valentin est l’expression la plus complète de ce syncrétisme alexandrin qui mêlait ensemble les théologies orientales, la philosophie de Platon et le christianisme. Valentin se représentait la Divinité comme éternelle, incréée, infinie, invisible (βύθος, ἀρχή), incompréhensible dans sa substance, mais capable de se développer dans le temps et dans l’espace, et manifestant par ce développement sa fécondité et sa vie. Le Dieu de Valentin se développe à la manière du Dieu d’Hégel, selon des lois logiques. Dans son activité féconde et nécessaire, la Divinité produit en dehors d’elle-même des idées, des