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leurs habitudes intolérantes et de leur religion exclusive. Ce fut alors que Josèphe et Philon, l’un à Rome et l’autre à Alexandrie, s’efforcèrent, par leurs doctes écrits et les habiletés de leur polémique, de les protéger contre les accusations de leurs nombreux ennemis. Le judaïsme était, dans ce moment, un objet d’admiration pour les uns, d’aversion pour les autres, de curiosité pour tous. Valentin en avait fait le sujet d’une étude spéciale. Comme les théories de Philon associaient les enseignements de la Bible à ceux de l’Académie ; comme on n’étudiait guère alors Moïse sans étudier Platon, Valentin fit comme tout le monde, il étudia à la fois le judaïsme et le platonisme. Il ne s’arrêta pas là, et cet esprit curieux voulut connaître le christianisme. Il fit plus que l’étudier, il l’embrassa. Le savoir et l’éloquence de Valentin ne tardèrent pas à l’entourer de considération : c’était un homme d’un grand renom. Les louanges le perdirent en nourrissant en lui de grandes ambitions. Selon Tertullien, il voulut devenir évêque d’Alexandrie ; mais, à la vacance du siège, un confesseur de la foi lui fut préféré : le savant en conçut un vif dépit ; et c’est ce dépit, dit-on , qui le jeta dans l’hérésie.

Nous avons vu, dans la dernière leçon, que la volupté, suivant Tertullien, avait entraîné Marcion dans les voies de l’hérésie ; aujourd’hui nous voyons le même Père attribuer la chute de Valentin à l’ambition déçue. Les protestants qui nient le premier fait nient aussi le second. Nous ne voulons pas engager de polémique sur ce sujet ; nous