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n’aient altéré saint Luc ; que Marcion n’ait connu les autres Evangiles, quoiqu’il ne les cite textuellement nulle part. Le fait nous est attesté par tous les Pères. Ainsi, on voit dans saint Irénée que Marcion accuse les Apôtres : Apostolos admiscuisse ea quæ sunt legalia Salvatoris verbis. Or, parmi les évangélistes, il se trouve seulement deux apôtres, saint Matthieu et saint Jean. C’est donc à ces deux apôtres qu’il fait ici allusion, et à saint Paul lui-même. Dans son traité contre Marcion, Tertullien lui reproche de rejeter saint Matthieu comme favorisant trop la loi ancienne, « Cependant, lui dit-il, vous admettez avec saint Luc que Jésus a dit au lépreux : Allez, présentez-vous au grand prêtre. Jésus parlait ainsi pour accomplir la loi. Pourquoi refusez-vous de recevoir l’évangile de saint Matthieu ? parce qu’il contient cette parole de Jésus : Non veni solvere legem sed adimplere. Et l’apologiste termine en disant : Constat dixisse ilium, quia et fecit. Jésus a pu dire ce qu’il a fait. »

Au commencement du siècle dernier, Messieurs, un allemand, Eichorn, et dans le nôtre, des savants de l’école de Tubingue, ont prétendu que l’évangile selon saint Luc, altéré par les catholiques, avait été rétabli par Marcion dans sa pureté première. Le fait avancé était grave. Il a été soumis à une vérification scientifique qui en a montré le peu de fondement. Stor et Hug ont à peu près rétabli, d’après les textes nombreux de Tertullien et de saint Epiphane, l’évangile de saint Luc d’après Marcion. Saint Epiphane surtout avait facilité ce travail en faisant avec